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Sophie Guetat [2016 - ]

Les troubles du langage écrit (dyslexie et dysorthographie) associés à la précocité intellectuelle

PhD director(s): Lucile Chanquoy

Malgré le grand nombre d’études menées sur la dyslexie/dysorthographie développementale, la ou les cause(s) de ce trouble reste(nt) encore incertaine(s). Deux hypothèses principales ont été proposées pour en rendre compte : l’hypothèse phonologique (par exemple Snowling, 2000) et l’hypothèse de l’empan visuo-attentionnel (Bosse, Tainturier et Valdois, 2007). L’hypothèse phonologique prévoit qu’une altération de la représentation des sons linguistiques serait préjudiciable pour l’acquisition des correspondances phono-graphémiques et donc, pour l’acquisition de la lecture et de l’orthographe. Plusieurs auteurs ont montré que cette dégradation de la représentation des sons linguistiques serait due à un déficit dans le traitement des changements temporels rapides dans le signal sonore (sons verbaux ou non-verbaux), et donc à un déficit au niveau des traitements séquentiels rapides. L’hypothèse du trouble de l’empan visuo-attentionnel suppose, elle, que les troubles du langage écrit peuvent provenir d’un déficit de l’attention visuelle, qui affecterait les capacités de traitement visuel simultané. La notion d’empan visuo-attentionnel fait référence au nombre de lettres dans un mot qui peuvent être identifiées lors d’une seule fixation oculaire. En empêchant le traitement simultané des lettres au sein du mot, le trouble de l’empan visuo-attentionnel ne permettrait pas un encodage normal de la représentation orthographique du mot. Ce trouble est le plus souvent observé en l’absence d’un trouble phonologique et altère principalement le mode global de lecture, conduisant à des performances déficitaires en lecture de mots irréguliers. Ainsi, Lallier et Valdois (2012) avancent qu’il y aurait une dissociation entre les déficits de traitement séquentiels et simultanés dans la dyslexie développementale, chacun étant associé avec un profil différent de dyslexie/dysorthographie (respectivement, la dyslexie/dysorthographie phonologique et la dyslexie/dysorthographie de surface).

Or, le trouble du langage écrit, et notamment la dyslexie/dysorthographie de surface (imputable à un déficit de traitement simultané), est très fréquemment associé à la précocité intellectuelle. Ce qui est surprenant, compte tenu du fait que les enfants à haut potentiel intellectuel présentent un sur-engagement de l’hémisphère droit, qui leur confère un style cognitif privilégiant les traitements simultanés au détriment des traitements séquentiels. Ces différents constats suggèrent l’existence d’une forme différente de dyslexie/dysorthographie, avec une étiologie différente, chez les enfants à haut potentiel intellectuel, provoquant pourtant des erreurs similaires à celles produites par les enfants tout-venant qui présentent une dyslexie/dysorthographie de surface. Aussi, ce travail a pour but de répondre à différentes questions : L’hypothèse étiologique du trouble de l’empan visuo-attentionnel, qui a fait ses preuves chez les enfants tout-venants présentant une dyslexie/dysorthographie de surface, peut-elle être élargie aux enfants intellectuellement précoces avec dysorthographie de surface associée ? Est-ce qu’un autre mécanisme sous-jacent pourrait être à l’origine de la dyslexie/dysorthographie de surface chez ces enfants qui ont un fonctionnement cognitif atypique ? Sachant que le sur-engagement de l’hémisphère droit confère un traitement particulier de la sémantique, résultant en une utilisation des connaissances sémantiques inappropriée, la dyslexie de surface pourrait-elle être expliquée par cette particularité de traitement ? Alors que de nombreuses études ont mis en évidence le lien entre sur-engagement de l’hémisphère droit et troubles phonologiques, est-ce que le surinvestissement de l’hémisphère droit est à l’origine des deux types de dyslexie/dysorthographie chez les enfants HPI ? Enfin, l’utilisation privilégiée de l’hémisphère droit est-elle à l’origine des troubles du langage écrit ou, la base anatomo-fonctionnelle des mécanismes compensatoires mis en œuvre ?
 

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