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Soutenance de thèse de Samir BEN SI SAÏD

De la nature de la variation diatopique en kabyle : étude de la formation des singulier et pluriel nominaux

Sous la direction de Tobias Scheer

Lundi 06 octobre 2014, à 14h – Salle plate, Campus Saint Jean d’Angély 3.

Résumé : Cette thèse s’articule autour de la formation des noms et de la variation morpho-Phonologique dans les dialectes kabyles. L’analyse des données de mon propre dialecte AEH issues du dictionnaire de Dallet (1982) a montré que1. les éléments qui apparaissent au pluriel mais qui sont absents au singulier sont imprédictibles et ils font donc partie des ingrédients lexicaux de la racine ;2. à partir du dialecte d’AEH, j’ai dégagé la généralisation selon laquelle le pluriel a une taille constante de 5 unités CV. Il s’est avéré par la suite que cela est vrai en réalité pour l’ensemble des dialectes kabyles. Cette généralisation est basée sur les enquêtes de terrain que j’ai menées dans la région de Kabylie. Je propose aussi une analyse de la voyelle initiale en kabyle (et en berbère) qui prend en compte le scénario diachronique de Vycichl (1957) et Brugnatelli (1997) selon lequel en proto-Berbère il y a eu un figement d’anciens démonstratifs avec les noms. J’ai proposé que l’alternance a- (EL) vs w/u- (EA) est allomorphique. Par le même mouvement, j’ai affiné l’analyse de Bendjaballah (2011) en éliminant le CV qui épèle K (le cas). Dans mon analyse, la VII arrive avec son propre CV.Le cadre général de mon analyse est défini par la situation typologique du berbère : il s’agit d’une langue concaténative, puisqu’on ne peut attacher aucune information sémantique ou morpho-Syntaxique aux voyelles ni au gabarit ; la démonstration de la taille constante du pluriel établit par ailleurs que le berbère est gabaritique, i.e. que et les consonnes et les voyelles sont stockées ensemble dans la racine (vocalisée) et le gabarit sont stockés indépendamment dans le lexique. Si donc en sémitique est qu’en sémitique les ingrédients lexicaux d’un mot sont au nombre de trois (racine consonantique, voyelle, gabarit), en kabyle il y en a seulement deux (racine (vocalisée) et gabarit). Dans cet environnement gabaritique mais parfaitement concaténatif, la thèse développe une théorie de la variation diatopique dont les locus sont au nombre de deux : il s’agit d’une part de l’association d’une racine donnée à des gabarits différents dans différents dialectes, d’autre part de racines mélodiquement identiques mais dont des segments peuvent porter à travers les dialectes des instructions lexicales différentes quant à leur comportement lors de l’association. Etant donné le fait que les travaux sur la variation diatopique en afro-Asiatique sont clairsemés, il sera intéressant de voir si la variation dans d’autres langues fonctionne de la même façon.La façon dont la variation diatopique est gérée dans cette thèse se rapporte à la conjecture Borer-Chomsky que, suivant Oostendorp (2013), j’applique à la phonologie. Dans le cas du kabyle, la variation diatopique des singuliers n’implique pas des mécanismes différents de formation du pluriel (computation), mais des marquages lexicaux des racines à faire leur singulier dans telle ou telle classe. Enfin, j’espère que la thèse trouvera sa place dans le débat sur le statut de la racine et du gabarit dans le lexique mental des langues afro-Asiatiques : l’approche classique accorde un statut lexical, grammatical et cognitif indépendant à la racine et au gabarit, alors que la stem-Based morphology soutient que les deux unités cohabitent dans le lexique. Si la variation diatopique en kabyle fonctionne de la manière décrite, i.e. par l’association d’une racine donnée à des gabarits singuliers distincts à travers les dialectes, la racine et le gabarit représentent nécessairement deux unités lexicales indépendantes.

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