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Influences réciproques de l’apprentissage et du langage

La question principale qui sera abordée de façon expérimentale dans cet axe est celle des influences réciproques entre apprentissage et langage. Par exemple, le recours au langage intérieur (celui non prononcé à voix haute) lors d’une tâche d’apprentissage est très fréquent et souvent irrépressible dans les tâches de nature visuelle.

Ce phénomène présente le risque de biaiser les mesures des compétences non verbales (e.g., un quotient intellectuel non verbal correspondant à une capacité à raisonner de façon logique). Dans ce cadre, l’objectif est d’évaluer spécifiquement ces stratégies sub-vocales dans des tâches d’apprentissage. Ces travaux devraient permettre d’améliorer l’évaluation neuropsychologique, dont un des objectifs est de distinguer clairement les capacités verbales de celles non verbales. Ce point revêt une importance pour les populations dont les capacités verbales sont diminuées (enfants sourds, aphasiques, par exemple), et dont les scores s’écartent par rapport à la population de référence par un effet d’artefact.

Une seconde perspective concernera l’organisation temporelle des apprentissages (effet d’espacements temporels, périodes de sommeil) et ses conséquences sur l’acquisition d’informations verbales et/ou lexicales. Cette question sera abordée sous l’angle développemental (enfants, adultes, personnes âgées) afin de discerner quels facteurs permettent d’optimiser l’apprentissage pour chaque tranche d’âge. Nous croiserons cette problématique avec la question du processus de chunking, qui consiste à regrouper des informations verbales ou non verbales en structures permettant une organisation optimale de la mémoire. Nous testerons quelles sont les organisations des sessions d’apprentissage les plus appropriées à la formation de chunks en mémoire.

Une troisième perspective abordera le rôle de la mémoire à long terme dans l’acquisition de la langue maternelle. Une des hypothèses est que la limitation de la mémoire à long terme ne permettrait pas aux enfants de lexicaliser autant que nécessaire, avec pour conséquence l’émergence de l’utilisation de gabarits (i.e., des structures langagières que les enfants généralisent faussement pour produire du langage). Dans ce cadre seront étudiées les particularités d’acquisition lexico-sémantique chez les enfants à haut potentiel par l’enregistrement des potentiels évoqués (e.g., composante N400). Nous chercherons à montrer que, tandis que le niveau d’acquisition lexicale dans la précocité intellectuelle est au-dessus de la norme, leurs performances sémantiques sont plus variables que celles des enfants tout-venants, ce qui peut expliquer leurs particularités dans les tests neuropsychologiques.