Appuyée sur un important corpus de discours politiques français contemporains (Macron, Sarkozy, Le Pen), cette contribution analyse l’usage et la fonction du ‘nous’ en concurrence d’une part avec le ‘je’, d’autre part avec le ‘on’. Si le discours politique sous la Vème République se doit d’énoncer le collectif (‘nous’), il doit également construire l’image charismatique du chef (‘je’). Si le discours doit fermement définir les contours consensuels du groupe (‘nous’), il peut également servir l’expression plus problématique de la foule (‘on’). En d’autres termes, une double menace pèse sur le ‘nous’ démocratique, celle d’un ‘je’ autocrate et celle des ‘on-dit’ populistes.
Si la catégorie pronominale, parmi laquelle la 4ème personne, a été beaucoup étudiée tant en langue qu’en discours, les usages et fonctions politico-linguistiques du ‘nous’ dans les corpus socio-historiques sont restés longtemps appuyés sur le seul numéro spécial de la revue Mots de 1985. Nous proposons aujourd'hui d'actualiser la réflexion à la lumière des principes et méthodes nouvelles en Analyse du discours.
Corpus, 2022, Corpus et données en morphologie, 23
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2022
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Cet article résulte d’une rencontre entre trois recherches doctorales qui a permis de croiser un concept (l’hétéronymie) à une méthode (la logométrie). Notre travail a consisté à étudier les points de rencontre entre Boris Vian et son pseudonyme Vernon Sullivan au prisme des outils logométriques. Cet article pose les questions suivantes : si leurs romans s’inscrivent dans des sous-genres discursifs bien distincts, peut-on parler de deux romanciers pour une même plume ? Quel rôle joue le genre et son impact endigue-t-il tout point de rencontre ? Au contraire, existe-t-il, malgré tout, des liens intertextuels entre les deux œuvres ?
Cet article étudie l’évolution sémantique du mot « tolérance » dans les campagnes présidentielles de 2007 et de 2017. Cette étude diachronique montre que l’usage de « tolérance » se rapproche encore en 2007, du sens premier du terme, et vise à représenter une vertu, une valeur républicaine à défendre, pour ne renvoyer en 2017, qu’au degré zéro du concept, à travers la sur-utilisation de la formule « tolérance zéro ».
Au croisement de deux méthodes, l’analyse des données textuelles et une linguistique centrée sur les dimensions syntaxiques, énonciatives et pragmatiques des faits de langue, cette thèse a pour objectif de caractériser linguistiquement les discours politiques du Front National sur la période contemporaine (2000-2017). Partant du postulat que ce parti politique français est un parti désormais ancré dans le système mais qui, paradoxalement, se revendique comme un parti « antisystème », nous étudions la mise en discours de cette opposition. Ce travail interroge ainsi l’intérêt heuristique de la notion de contre-discours au sein du discours politique et défend la thèse que le discours du FN se construit systématiquement, avec des stratégies argumentatives singulières et sur des thématiques qui lui sont propres, comme un contre-discours mettant en confrontation une seule et unique doxa face à une contre-doxa. Pour réaliser cette recherche, nous avons créé, sur le logiciel Hyperbase, une plateforme d’analyse de données textuelles, un vaste corpus de plus de 3 millions d’occurrences structurées en 5 bases de données. Plus de 300 discours lepéniens et trois campagnes présidentielles sont ainsi passés au crible de nos outils et de notre analyse. Pour répondre à notre interrogation fondamentale, trois champs de pertinence – correspondant chacun à une approche linguistique – se succèdent et progressent d’une analyse infra-textuelle, centrée sur l’étude des spécificités lexicales et syntaxiques du discours FN, vers une analyse textuelle consacrée à la cohésion inter- et supra-phrastique de la textualité lepénienne, pour aboutir à l’organisation discursive et aux relations que pose le discours du FN localement et globalement aux autres discours.
CMLF 2020 - 7ème Congrès mondiale de linguistique française, Jul 2020, Montpellier / Online, France
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2020
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L'intertexte est la condition de l'interprétation de tout texte. Cependant, sa matérialisation, son explicitation, son implémentation ont toujours paru difficile pour la linguistique textuelle. Cette contribution propose une matérialisation de l'intertexte au sein de corpus réflexifs numériques, et convoque de manière originale l'intelligence artificielle (deep learning, modèle convolutionnel) et la logométrie pour explorer de manière systématique l'intertexte ainsi matérialisé. Pour cette étude, nous postulons que le corpus élyséen depuis 1958 constitue l'intertexte des discours d'Emmanuel Macron, dans lequel le président puise de manière consciente ou inavouée pour construire ses discours. A titre d'exemple, nous mettons ainsi au jour automatiquement les empreintes grammaticales de Giscard dans le discours de Macron, et les emprunts lexicaux que le nouveau président concède à de Gaulle.